Paysages
Qui, parmi les peintres confirmés, amateurs, débutants, professionnels, ou illustrateurs n'a pas un jour pris son crayon, son pinceau ou sa caméra pour "écrire" un paysage ? Sujet "bateau" s'il en est surtout pour les adeptes du travail sur le motif. Figuratif souvent, il inspire aussi de nombreux artistes abstraits. Il prend de plus en plus souvent des formes aussi variées que possible dans des techniques diverses selon les supports : toile, papier, carton, métal, galet, bois, peau, vidéo, installation,.. selon les matériaux utilisés ou bien encore selon les modes véhiculées par les galiéristes et les médias.
Télérama a consacré un numéro particulier (M 02773 - août 2007 - spécial paysages) aux "paysages photographiques". Les rédacteurs convoqués sur le sujet formulent quelques idées intéressantes sur le paysage et fournissent des éléments chronologiques de la notion de paysage depuis la Grèce antique.
Dans son éditorial, Fabienne Pascaud écrit :
"...La terre "bleue comme une orange" dans les yeux et le coeur de Paul Eluard est en train de virer au cramoisi cendré."
" ... Le paysage reste une affaire intime, une relation au monde sensible totalement subjective. Chacun porte son rêve de paysage."
Michel Baridon (historien du jardin) propose dans le même article une définition du paysage :
"Un paysage est la partie de l'espace qu'un observateur embrasse du regard en lui conférent une signification globale et un pouvoir sur ses émotions."
Il rappelle qu'en 1680, Michelet dans son "dictionnaire français" définissait le paysage comme "un tableau représentant quelque campagne". L'idée du paysage remonte à la plus haute antiquité. Dans les écrits d'Hérodote, on trouve de vrais paysages. Dans le théâtre grec, les décors peints figuraient des palais, des villes ou des scènes champêtres. Ils donnaient, grâce à la perspective, l'impression de la profondeur de l'espace. Pendant dix siècles, la perception du paysage élaboré par les grecs et les romains s'estompe puis disparaît. L'Eglise détourne l'homme de l'observation de la nature. Pendant ce temps, les artistes continuent à imaginer des paysages dans un cadre pré-établi et la perspective n'existe plus.
Au début du XIVème siècle, grâce aux franscicains et aux dominicains, des travaux sur la perspective et l'optique reprennent dont Giotto va s'inspirer. Pétrarque écrit à la même époque sa célèbre "Ascension du mont Ventoux" considéré comme le premier texte paysager de la littérature. Un paysagiste du 20ème siècle décalarait que "le monde entre dans une phase de son histoire qui verra peut-être l'architecture du paysage devenir le plus complet des arts".
Ce qu'ils ont dit :
Thibault Cuisset, photographe
"Mon but est de restituer le plus précisemment possible une émotion, une sensation que j'ai éprouvées face à un lieu (...). Ma méthode : choisir une endroit particulier, des lumières et des couleurs, épurer sans pour autant trahir le sens des lieux en éliminant l'anecdocte et le pittoresque pour laisser venir à nous l'étrangeté et la singularité de toute terre."
Hans Van Der Meer, photographe
"Je préfère photographier le paysage comme toile de fond de l'image (...). J'aime les images qui montrent le monde presque par hasard. Nous ne prêtons guère attention à ce qui nous entoure alors que c'est la toile de fond de nos vies."
Jean Rolin, reporter et photographe
"Ainsi la mer, le paysage le plus abstrait et le plus vide qui soit, est bourré de poésie, de cinéma, de littérature.(...) De façon générale, les paysages me plaisent surtout dans la mesure où ils suscitent ainsi des enchaînements, des associations d'idées."
Ces citations sur le paysage m'aident à mieux comprendre ce qui me fait asseoir devant un panorama ou une vue particulière et en traduire par la couleur les impressions, les sentiments, les réflexions et, somme toute, me conduire à l'apaisement. Quelque chose d'indicible constitué de fils invisibles me relient au paysage, à sa singularité, sa forme, sa couleur et sa sensualité.
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